L'Amérique insoumise

L’Amérique insoumise

Décidément le peuple américain est aussi indomptable et hétéroclite qu’il illustre un phénomène mondial de prise de conscience des peuples qu’ils sont in fine les seuls maîtres à bord.

Donald Trump a été, ce 8 novembre 2016, élu le 45ème président des États-Unis, et on peut parier que le monde ne s’effondrera pas pour autant. La vie des Américains et celle de la population mondiale continueront.

Malgré l’engagement unanime, derrière la caste Clinton, de l’ensemble des sphères médiatiques bienpensantes et la science correctrice et légitimatrice[1], les Américains ont décidé, semble-t-il, en toute connaissance de cause, puisque, nonobstant les diatribes contre Monsieur Trump visant à horrifier la population mondiale et la société américaine, ils ont décidé comme ils entendaient décider. Ceci étant dit, ce phénomène, qui n’est pas un phénomène Trump ou américain, mais un phénomène mondial de prise de conscience des peuples de leurs conditions et de leurs facultés, méritent réflexion. À n’en pas douter, ce phénomène nouveau qui s’est illustré et manifesté à travers l’élection de Donald Trump fera bientôt l’objet de recherches approfondies, de colloques, de conférences, etc.

Après tout, si le messie Obama, c’est ainsi qu’on l’avait présenté en 2008[2], n’a pas changé la face du monde, le diabolo Trump ne mangera pas ses petits semblables. Les Américains noirs n’ont jamais été aussi cueillis comme des petits lapins sous des balles blanches que sous la présidence de Monsieur Obama. Dans ce contexte, Monsieur Trump s’en sortira comme ce dernier ; mais il ne faut rien attendre de phénoménal pour autant de son action.

Enfin, pour qui voudrait prendre ce raccourci, l’élection de Donald Trump n’a rien à voir avec le Brexit. Celui-ci n’est que le résultat de la mesquinerie et du cynisme de David Cameroun.

L’élection de Madame Clinton à la présidence des États-Unis se serait présentée comme le résultat d’une Amérique endormie sous les doux murmures des castes familiales, médiatiques, politiques et intellectuelles dominantes. La vraie bataille électorale américaine aurait dû se faire entre Bernie Sanders et Donald Trump, mais tout a été fait pour éclipser Monsieur Sanders au profit de Madame Clinton. Et les Américains qui se sont rendu compte de cette magouille ont largement fait le choix Trump, car, pour beaucoup d’entre eux, Monsieur Trump n’est pas plus dangereux que Madame Clinton. Sous les mots doux et bienpensants de celle-ci se dissimulaient bien de choses que Monsieur Trump a osé dire haut et fort aux Américains, que l’on eût voulu les entendre ou pas. La politique bienpensante des classes supérieures et intellectuelles, fondée sur le maquillage et le mensonge, n’a pas pour autant pris fin, elle a sans doute encore de beaux jours devant elle, mais la victoire de Donald Trump contre Hilary Clinton lui a porté un coup qui peut lui être fatal, et ce ne serait pas une mauvaise chose pour la démocratie.

La démocratie ne doit pas être l’apanage d’une élite sociale, elle doit être l’affaire de tous. Elle se manifeste par le renouvellement permanent des dirigeants. Ainsi, ceux qui auraient l’idée de s’installer dans les sièges et fauteuils de dirigeants pendant des années afin d’oppresser tous ceux qui ne pensent pas comme eux se trouveraient dans l’incapacité de réaliser leur rêve totalitaire. L’élection de Donald Trump est, de ce point de vue, la manifestation la plus louable de la démocratie libérée des castes de certaines familles. Cette manifestation fera peut-être comprendre aux faussaires de la vie politique, en France comme ailleurs, qu’il ne suffit plus de se maquiller pour paraître éligible, mais qu’il faut dire la vérité aux électeurs et respecter leurs programmes politiques.

Par ailleurs, et enfin, l'élection de Monsieur Trump aux Etats-Unis aurait pu être une excellente occasion pour nous, Européens, de retrouver notre souveraineté et de libérer le monde de l'impérialisme américain et de l'hégémonie de son dallar écrasant, mais force est de constater que nos dirigeants ont préféré faire le dos rond en attendant la chute de Donald Trump pour continuer à se soumettre au totalitarisme du dollar américain comme avant. Quel dommage !

Serge SURIN

Mercredi 9 novembre 2016

 


[1] Claude Lefort (L’invention démocratique. Les limites de la domination totalitaire, Fayard, 1981) et Jacques Rancière (La haine de la démocratie, La fabrique, 2005) ont très bien montré les manigances de ces classes totalitaires de la bien-pensance et du lavage de cerveaux récalcitrants et méfiants du totalitarisme de la démocratie bourgeoise.

[2] Je dois avouer que j’ai moi-même été pris dans ce mouvement phénoménal du messie noir américain comme l’avènement d’Obama avait été présenté.

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